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L'homme augmenté et l'intégrité de ses expériences de vie



Commentaire au billet de Xavier de La Porte sur InternetActu, à propos de l'article d'un journaliste du Guardian, Oliver Burkeman intitulé : “The internet is over” – “L’Internet, c’est fini”.

Adam Greenfield en précurseur dans son ouvrage Every[ware] nous annonçait ce monde hybride avec l'internet ubiquitaire, qu'il a décrit comme « la révolution de l'ubimédia ». Des opérateurs du marketing dont je fais (encore) parti s'appuient sur ce paradigme pour décoder autrement la relation au client et à la marque. Mais, ce faisant, le marketing peut contribuer à construire (et dénoncer du coup ;-) un monde qu'au fond nous ne désirons pas. La promesse consistant à dire que la technologie nous veut du bien, en facilitant les actions personnalisées in situ dans tous les champs de la vraie vie, tant oisive que professionnelle, en poussant du service au point de besoin mais en contre partie d'un don de ses données personnelles, peut être un leurre. Un leurre qui, au-delà de la préoccupation de l'intégrité des données personnelles (devenues marchandes), nous transforme en simple capteur-opérateur-consommateur. Et c’est la tout aussi préoccupant. Un leurre qui nous transforme "en homme augmenté" comme " un slot réagissant" à des signaux pour en soutirer une satisfaction, un « bon plan » , un gain de temps, de précision ou d'efficacité. En réaction à , dans un monde devenu immédiat. Une augmentation de l’usage censé nous libérer pour mieux nous concentrer sur autre chose, de plus essentiel.


« De plus essentiel ? » Mais quoi donc ? Et dans ce cadre, je m'interroge sur le risque de perdre notre capacité d'anticipation, de calcul, de création et co-creation que l'on délègue à notre "double techno", ombre de nous même (ou l’inverse, plus exactement). L'esprit du web 2.0 remplacé par celui du web 3.0 qui nous obligerait pour paraphraser l'article cité ci-dessus "à oublier ce que nous sommes en train de faire", ce qui renverse la perception de l'individu en tant que projet, en tant qu'acteur de son existence façonnée par le style intime de ses expériences de vie... Et c'est précisément la que ca coince. Car ce qui est « le plus essentiel » sont nos expériences de vie, c’est ce qui nous grandit, nous forge, nous construit, c’est ce qui nous rend moins cons, plus inventifs et créatifs, plus sociables et plus heureux. C’est ce qui  fait de nous des humains. Nous gagnons en facilité et rapidité d'action et réaction mais nous perdons en capacité d'anticipation et création ? Je suis à un point de bascule, jouant ici au philosophe trop sérieux, partagé entre l’antan du 2.0 qui passe déjà et le futur du 3.0 qui s’installe.

 Tout ce débat me fait penser à une anecdote, en prenant un taxi, le chauffeur avait éteint son GPS "parce qu'il voulait garder la cartographie en mémoire...et ne l'utiliser qu'en territoire inconnu exclusivement, et pour ne pas désapprendre la carte"... et rester acteur-moteur de son métier et de son outil, la voiture. Alors, sommes-nous tous ce chauffeur de taxi ou perdons nous quelque chose dans un monde ubimédia ?

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