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La cabine wifi comme enclave ubimédia du coin

Et si plutôt que baigner l’ensemble du réel dans le tout connecté, on réservait certain espace physique comme une enclave ubimédia dans le réel ? Pour y situer et interfacer l’écosystème hyperlocal et les gens, au travers des totems urbains, comme cette ancestrale cabine téléphonique enrichie de la technologie wifi ?

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Cette cabine téléphonique mèle 2 usages : téléphoner à l'ancienne (dans une capsule, combiné en main relié par un cordon)  et se connecter depuis un "connected device" nomade (smartphone mais aussi laptops, etc...), paradoxal ? Cela se passe en Chine, manière futée d'exploiter un totem urbain pour émanciper les nouveaux usages à partir d'un usage acquis par tous: téléphoner depuis une cabine.

Mais c'est surtout le wifi encapsulé dans nos scènes de vie urbaine qui m'inspire.
La veille de Nekid de février  (d'où j'ai tiré  aussi cette cabine chinoise) indique une étude Deloitte qui révèle que le WIFI pourrait supplanter la 3G et que le point de vente sera connecté au web. Tiens, donc ...

Comme un gros bouton "Wifi ici" 
L'ennui avec les spots wifi en ville, c'est qu'ils ne se voient pas et qu'ils viennent souvent rompre une connexion en cours. Vous êtes en train de surfer en 3G tandis que vous êtes en mouvance puis vous entrez dans une zone wifi qui vous le crie par push interruptif sur votre écran, de quoi en perdre sa saisie. Très énervant et non user centric, la fluidité d'un service étant un des fondamentaux pour  fidéliser.
 La solution ? Radicale, désactiver le wifi et ne l'activer qu'à son initiative, précisément lorsqu'on reconnait visuellement qu'on est entré dans "une zone wifisée". Les cabines téléphoniques pourraient jouer ce premier rôle "signalétique wifi" comme un gros bouton "WIFI ici" à l'instar de l'ancestral "cliquez ici" du web.Mais l'enjeu de cet essaimage de spots wifi n'est pas que dans la signalétique et la matérialisation dans le réel de la zone comme étant "interactive friendly"  par un objet comme cette cabine ou tout autre totems urbains: une borne, un sticker sur objet, etc.

Comme un SAS vers son cloud personnel et vers l'écosystème hyperlocal
L'enjeu est aussi dans l'accessibilité à un écosystème de services locaux, par exemple: syndication de contenu locaux, cityguide, boite aux lettres, jeu social avec à la clé un couponing pour un commerçant du quartier, ...
Ainsi, la cabine téléphonique pourrait agréger autour d'elle un écosystème de services syndiqués, dès lors que les gens "se posent pour une pause connexion " en ce lieu, tel un sas ouvert sur le cloud. On retrouve ici le principe que j'ai décrit à propos de la stratégie Starbucks comme media hyperlocal. Alors pourquoi ne pas étendre ce principe aux enseignes ayant pignon sur rue: diffuser des odeurs pour appâter le chaland, c'est un peu passé, voir lassant; par contre leur offrir une zone de connexion tout en leur proposant des offres locales, c'est mieux non ? Allez, imaginez une agence bancaire : pas besoin de rentrer dedans, simplement s'installer sur le banc public "brandé" aux couleurs de la banque pour  checker ses mails perso ou chercher une adresse postale . Et tiens, pourquoi ne pas entrer en relation avec l'écosystème alentour que la banque promeut via ce hub. Histoire du coin, bons plans . Et pourquoi ne pas découvrir l'offre du moment que me propose aussi cette banque pour financer l'achat d'une voiture. Justement,  je viens de tester une voiture chez le concessionnaire en face...

L'avantage par rapport à la 3G in the pocket ?
Vous me direz, oui bon, mais on peut se contenter de la 3G et de push géolocalisés via une de mes nombreuses applications dédiées (oui, mais laquelle ?).Certes ...
  • mais l'art du marketing est de jouer sur la persuasion complice pour enclencher l'engagement, ce que j'appelais il y a quelques années "marketing d'interface" : c'est à dire "marketer" le lieu littéralement comme interface, comme une "zone interactive friendly", promettant d'accéder à la fois à son cloud personnel et proposer une suite servicielle contextuelle (le lieu comme appstore local, comme écosysteme serviciel). Cette cabine téléphonique ou ce banc public portant les couleurs du "wifiseur" (une banque pour reprendre mon exemple ci dessus) sont des "calls to action" et la promesse qu'il est possible d'interagir et d'accéder à un bouquet de services contextualisés,  et surtout "si je le veux bien".
  • l'accès à la connexion ne sera pas décompter de mon forfait 3G.
  •  l'objet physique peut  s'enrichir des technologies touchless : QR code puis NFC et interropérer ainsi avec ses objets communicants personnels ( le smartphone NFC bientôt , ses cartes à puces ou vêtement communicant bientôt).
  • Enfin, quand la 3G ne passe pas, c'est une manière de desservir, animer une zone blanche et permettre d'accéder à son cloud personnel et ceux de ses amis et bien entendu au cloud local (services contextualisés).
  • ... le débit plus fluide (en attendant la 4G ...) ?
  • ...


Ces autres formes de "totems connectés persuasifs"
Et on peut étendre ce modèle d'interaction hyperlocale à d'autres formes de "totem connecté persuasif" intégrés au paysage urbain ou rural, comme ces  "sortes de drive-in" déportant la livraison à l'écart des centres villes congestionnés, ces cytissimo , ces boutiques popup dans les gares, les stations services, ces nouveaux photomatons, les kiosque Presses, les Muppi ou abris de bus et bien entendu les points de vente...



L'investissement n'est pas gratuit mais ne rien investir encore plus cher
Alors soit, ces challands ou visiteurs qui ne faisaient que passer vont se ruer sur cette "connected pause " en rue, dans mon bar, en attendant le bus ou dans la file d'attente et me dire merci, voire cliquer sur un espace partenaire qui aura monnayer sa présence ...soit ... soit...  Mais où trouvez vous les fonds pour financer la gratuité de ces spots wifi  ? Qui va entretenir ces bornes ?  Quelle durée de connexion proposer pour éviter l'engorgement réseau au spot ? Réponse : testez le dispositif  sur quelques spots en grandeur nature pour mesurer ce que vous allez effectivement gagner en valeur d'usage et en valeur business . 

Du WifiReady pour la marque qui nous raconte des histoires ou qui nous rend service ?
L'ubimédia pousse le digital à l'échelle de l'hyperlocal, du proche, de l'immédiat, là où sont les gens, la vraie vie. Les moyens d'interaction sont partout mais doivent s'animer selon le contexte et le mood de l'utilisateur (son profil, ses attentes), au risque d'être rejetés.  Deux postures de marques dans un monde ubimédia peuvent tirer partie de ces spots wifis.
La marque peut toujours y  raconter des histoires (storytelling et conversations agrégées autour de cette histoire) en tirant parti de ces nouveaux canaux et leur contexte local , ce qu'on appelle le transmedia. C'est la posture de marque conversante.
Et puis, il y a cette nouvelle autre posture de marque, ludo-servicielle,  qui est une autre manière de toucher les gens et de légitimer une présence de marque (branded utility ou marque utile) ou de la Collectivité dans la sphère intimiste et réelle de l'hyperlocal (mon quartier, ma gare, mon troquet préféré, ma trajectoire urbaine quotidienne...).

Et tout cela grâce à cette marque ou collectivité "WifiReady" qui me veut du bien parce qu'elle me rend service in situ.  Communiquer dans un monde ubimédia, ce n'est pas seulement "se la raconter"  ( ;-), c'est aussi rendre service et si on peut  y enclencher de l'émulation ludo-sociale, c'est le graal de l'engagement marketing, le sésame du branding (un capital de marque enrichi), ou le renouveau du service public de proximité si on se place du coté des collectivités !

Rêverie d'un monde à la connectivité maîtrisée :  a self-controled connectivity
Pour finir, une intuition ou une petite rêverie naïve qui peut surprendre après ces propos, peut-être parce que je peux me sentir trop sollicité, sur-connecté que je suis, goûtant moins le spatio-temps qui passe avec tout ce qu'il contient de tangibilité (et je ne me soigne toujours pas ...). Si les gens sont de plus en plus hyperconnectés, ils vont aussi rechercher la déconnexion, se précipiteront vers des solutions de personnalisation plus simples, plus intuitives et intelligentes. Ils vont tendre vers un usage maîtrisé de cette hyperconnectivité: une connectivitée permanente discrète avec possibilité de mise en veille partielle ou complète, délégant le filtrage et l'alerte à un avatar intelligent ubiquitaire qu'on nous promet ? ...
Le modèle de hub hyperlocal wifi pressenti ici avec cette cabine téléphonique connectée pourrait alors être une des réponses à cet insight de connectivité maîtrisée par chacun. Et rêver d'un monde parsemé de cabines wifi totémiques comme autant d'enclaves de connectivité dans le monde physique, libéré de la dictature du temps réel, du push, du check et du touch, pour se consacrer pleinement à la tangibilité de l'instant présent.

Loufoque ? :)




Allez, chiche.

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