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Dans la pulsion d'innovation, quelle est la modernité que l'on projette ?



Je vous recommande ce podcast diffusé ce 17 janvier sur @franceinter  : Faut-il être moderne ?  et notamment les sept visions de la modernité selon Jacques Attali .

La modernité comme perception de l'avenir peut se décliner selon le prospectiviste et penseur en 7 facettes:

Deux principales:
  • "L'hyper modernité" qui est la continuité du monde actuel : l'individualisme qui se consolide dans l'homme augmenté, robotisé par la technologie. 
  • La modernité altruiste, inverse de la précédente figure, fondée sur les valeurs de partage, de recherche du bonheur dans le bonheur des autres, et où la technologie peut favoriser et protéger cette "alter-modernité". 
Puis, entre ces 2 principales, 5 autres figures qui sont chacune l'incarnation d'une angoisse forte du futur :
  • 3. Le retour aux valeurs d'antan des années 60 et le refus technologique;
  • 4. Le repli sur l'identitaire et l'exclusion de l'Autre;
  • 5. La modernité écologique;
  • 6. la modernité centrée sur le religieux.
  • 7. la modernité dans le refuge de l'instant présent.
J'ai noté aussi l'intervention d'Antoine Compagnon, professeur au Collège de France sur la définition de ce qu'est être moderne: Il définit la modernité comme une valeur et une perception d'être.
Une valeur parce que croyance dans un avenir.
Mais aussi une perception d'intégration dans le sentiment d 'être ancré dans le présent, d’être de son temps.

A mon sens, cette perception d'être de son temps peut être sécurisante, et facilitatrice de créativité et d'innovation en phase avec le style contemporain; mais c'est aussi une forme d'aveuglement, une manière paradoxalement d'être, comme dans le mythe de la caverne de Platon et ne pas voir ce qui se passe ailleurs. De rester dans le cadre, donc au fond rester figé dans l'institué, sans changer, sans disruption. C'est se contenter de ce qui est et risquer de manquer ce qui est en train de naître, l'instituant. Je me réfère ici à Maffesoli, sociologue que j'avais suivi sur les bancs de la Sorbonne (ah, cette époque de la fac ! [soupir]...) qui justement interroge ce qu'il appelle la post-modernité avec le CEAQ son laboratoire sur l'actuel et le quotidien. La modernité c'est ce qui fait style, ce qui est institué; Entre temps et même pendant ce temps, il y a l'instituant, "la forme qui est formante" comme il dirait, ce qui est en train de se dessiner, de naître, ce qui va faire style. Les signaux faibles tissent le style de demain, ce qui est en train de s'instituer.

La question de la modernité est vieille comme le monde. Ce qui est aujourd'hui remis en cause c'est la notion de modernité du XXème siècle sanctuarisée dans le paradigme du progrès et l'être-ensemble que celui-ci sous-tend. J'aime beaucoup la proposition d'Attali. Elle m'interroge sur la pulsion de l'innovation et des usages que l'on pousse à travers la technologie, numérique notamment. Par les usages numériques, ce qu'on y consomme et plébiscite, ce qu'on  y sollicite, ce qu'on valide et finance, ce qu'on réalise et innove, quelle modernité projetons-nous ?

Concept Archiborescence de Luc Schuiten  (le frère de François ;)




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