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Selon Foursquare avec sa TimeMachine, je suis un historique sans histoire.

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Avec son application Timemachine, Foursquare génère automatiquement l'infographie de ses traces et incite à découvrir de nouveaux lieux que l'algorithme suppose en phase avec notre historique des lieux visités. L'utilisateur est alors propulsé dans une belle promesse: revivre son itinérance via l'historique de ses check-in dans une expérience ergonomique. Un dashboard dynamique s'anime en musique et relie visuellement les checks-in. Une fresque narrative de ses voyages urbains et géographiques: fabuleux !




Sauf que bizarrement, pour ce qui me concerne, certains pans de mon historique ne sont pas pris en compte : tous mes voyages à l'étranger (Mexique, Italie, Vienne, Berlin...) mais aussi en France, mes check-in en aquitaine, en corse...ont été comme zappés. Pourtant, vérifications faites, la page historique de mon compte foursquare est complète: tous mes checkins sont bien référencés.


Bug ou pas, cette déception m'a amené à la réflexion suivante:


En fait, il semble que l'infographie auto-générée prend en compte tout l'historique (encore que ce n'est pas très net, juste un indice de km parcourus entre un lieu au Mexique et en France). Mais par contre l'animation qui précède l'infographie n'a pas du tout illustré ces mouvements extra-géographiques que j'ai pourtant visité set "marqués " de mes check-in sur foursquare. Et curieusement ces traces sont bien présentes dans l'historique de mon compte foursquare. Ce n'est pas que je pinaille mais la promesse de cette belle application est justement de refaire vivre son itinérance, notamment celle qui sort du quotidien (les voyages !!), précisément ce que la Timemachine n'a pas retenu...J'attendais autre chose que revivre la banalité des mes trajets et lieux visités de mon quotidien. Le ressenti de l'expérience utilisateur est la déception dans cet écart entre la promesse "vendue" et le résultat, qu'une belle ergonomie et attrayante interface ne suffisent pas à combler.

Les faits marquants de mon histoire sont noyés dans la masse de mes data.




Bug, (mauvais) choix de conception, dissonance avec mon usage, peu importe, je réalise que la dataviz produite ici, est une moyenne et ne tient pas compte de ce à quoi moi, en tant qu'utilisateur foursquare, j'attache le plus d'importance vis à vis du passé, du souvenir, du voyage dans le temps. La data qui compte, c'est ma data exceptionnelle, pas ma data moyenne. Ce qui compte ce sont ces rares check-in qui ont marqué mon histoire personnelle. L’algorithme de la Timemachine de foursquare oublie l'histoire dans l'historique. Les faits marquants de mon histoire sont noyés dans la masse de mes data.

Un enjeu des data personnelles : faire ressortir ce qui a compté subjectivement


Pourtant, certains de ces checks-in affectifs oubliés étaient associés à une photo. Autrement dit, un indice factuel que la Timemachine aurait pu pondérer pour que le check-in concerné ressorte de la moyenne. Au fond, le traitement des data , notamment les data personnelles, peut révéler objectivement des pratiques utiles sur soi à la manière des outils de QS... mais ici, on est dans le registre du mémorial personnel où l'on attend objectivement une mise en valeur de ce qui a compté subjectivement.

C'est un vrai enjeu pour la data personnellecomment raconter toutes ses traces intimes laissées sur les réseaux sociaux numériques tel que Foursquare, mais aussi Facebook avec sa timeline, les flux d' Instagram, Youtube ? Ce besoin de raconter et revivre des expériences intimes via ses traces numériques (en gros, l'usage augmenté du journal personnel, de l'album de photos) est un vrai enjeu de service, de privacy, autant que d'algorithme: il s'agit d'exploiter les jeux de données pour en faire jaillir le sens subjectif attendu par l'utilisateur et avec son aval.

Alors, oui, pour le reste, c'est-à-dire l'infographie qui dresse le panorama personnalisé des pratiques quotidiennes de consommation des lieux, l'objectif est intelligemment atteint. Sauf que je ne suis pas qu'un consommateur de lieux. Je suis au travers de mon usage de Foursquare (fan depuis 2010) un peu plus que cela: je voyage, je témoigne, je partage et recherche des conseils contextualisés, je grave avec mon canif de voyage (mon smartphone) sur un tronc d'arbre de là-bas, un petit moment personnel (une photo, un check-in, un commentaire, ...) à retrouver sur place un jour, qui sait si je repasse dans le coin, ou plus essentiellement à revisiter virtuellement, plus tard, pour me souvenir et me rappeler.

Et vous ? Le storytelling de votre historique, de vos traces personnelles, est-il en phase avec la timeline de vos souvenirs personnels ? Qu'avez-vous pensé de la Timemachine de Foursquare ?



article précédemment publié sur www.ubimedia-mania.com  et dseeder.com

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